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Ceux qui font le festival #3 : la programmation ! 🎵

Nombre d’entre vous savent que Papillons de Nuit est organisé par une association. Mais savez-vous qui sont celles et ceux qui composent R.O.C. en Baie ? Ils sont 27 administrateurs et 3 salariés répartis dans différentes commissions (restauration, programmation, communication, sécurité…) et oeuvrent toute l’année pour faire de P2N l’événement inoubliable que vous connaissez tous. 

Le moment est venu de valoriser ces bénévoles passionnés, ces personnes qui donnent de leur temps, sans compter, pour que vous puissiez vivre 3 jours formidables. Ils s’appellent Christophe, Sylvain, Nicolas, Sophie, Clarisse, Fanny, ils ont 30, 40, 50 ans, ils sont agriculteurs, instituteurs, retraités et ils seront tous mis à l’honneur. Plusieurs fois par semaine, vous retrouverez une interview avec les différentes commissions du festival et les bénévoles qui les composent. 

Cette semaine, c’est la commission programmation qui est Ă  l’honneur ! Rencontre avec Patrice, Sylvain, Robin, Nicolas et POM pour comprendre plus en dĂ©tail comment s’organise la programmation de Papillons de Nuit. 

Comment Ă©tablissez-vous la programmation d’une annĂ©e pour l’autre ?

Nicolas* : Nous essayons de caler les têtes d’affiches principales assez tôt, même si cela fonctionne seulement de temps en temps avec quelques temps forts dans celles-ci : la tête d’affiche du vendredi soir, celle du samedi et 2 le dimanche, qui donneront une couleur à chaque journée. On fait le tour de ce qui a tourné et que nous n’avons pas pu avoir (dates éloignées, exclusivités, etc.) et des sorties d’albums annoncées pour commencer à dégrossir un schéma de programmation. Ensuite, on adapte à la réception des rosters* (catalogue d’artistes chez un producteur) des tourneurs.

Robin* : On est en veille toute l’année, on va voir des concerts, on se tient au courant de l’actu. On fait une première réunion en juillet N-1. Parfois on anticipe 2 ans en avance ! 

Sylvain* : Comme Nico le précise, on essaie de se focaliser le plus  tôt possible sur les éventuelles têtes d’affiches avec beaucoup d’espoirs au début et de nombreuses déceptions quand on avance (tarifs trop élevés, dates du festival qui ne correspondent pas à la tournée de l’artiste). Beaucoup d’offres sont passées avec des délais de réponse qui peuvent prendre plusieurs mois pour certains ! Au fur et à mesure on reprend souvent la température des tourneurs pour savoir ce qu’ils peuvent nous proposer. On échange également avec d’autres festivals.

Patrice* : Depuis le dĂ©but, on s’efforce de tenir une ligne artistique et on ne s’interdit plus tel ou tel artiste. L’essentiel est d’être en cohĂ©rence avec notre projet. Nous devons rĂ©pondre Ă  l’attente de notre public, il faut avoir ce que les festivaliers veulent voir et Ă  nous ensuite de caler de belles dĂ©couvertes.
Dans nos offres financières, on précise également la place de l’artiste dans le line up et l’horaire de son concert.
On ne monte pas une prog comme on remplit un caddie dans un supermarché !

Comment savez-vous ce qui va marcher l’annĂ©e suivante ?

Nico : En suivant l’actualité des groupes, selon les lieux où ils sont programmés et les retours que nous avons ou voyons, il y a des tendances qui se dégagent pour savoir qui devrait fonctionner l’année suivante. Après, cela reste un pari de choisir entre 2 artistes qui semblent pouvoir bien monter en 1 an.

Robin : Il y a des indicateurs mais pas de règles. On va se baser sur le passif de l’artiste (si son album a fait un carton, si c’est un artiste mythique). On peut avoir de bonnes surprises ou être très déçu.
Les réseaux sociaux sont de moins en moins révélateurs de la vente de billets. Sur certains artistes, il y a énormément de streams mais ils ne se convertissent pas en vente de billets.

Pom* : On se base aussi sur ce qui passe Ă  la radio.

Sylvain : On se fie beaucoup au remplissage des scènes et des salles de spectacles avec une part de risques, un carton en rĂ©gion parisienne peut ĂŞtre un flop Ă  Saint-Laurent-de-Cuves. On est dans les premiers festivals de la saison, souvent dans les premières grosses scènes pour l’artiste, parfois le show n’est pas calĂ© et l’annĂ©e d’après il est dĂ©jĂ  trop tard !

Patrice : La promotion de l’artiste par sa maison de disques peut être un élément supplémentaire. 

Vous fiez-vous à vos goûts personnels ?

Nico : Globalement, pour les scènes principales, nous privilégions ce que nous pensons être le plus à même de plaire au public, nous réservons, à quelques exceptions près, nos coups de cœur à la scène “découvertes” et sur des budgets plus réduits.

Pom : Pas vraiment. On se fie aux concerts qu’on voit, à la scène, aux choses qu’on voit ailleurs, le but étant d’éviter les mauvaises surprises. On a aussi comme objectif de surprendre les gens ! 

Robin : On arrive à trouver des échappatoires via les scènes découvertes. Il y a des choses qu’on s’interdit aussi car on sait que notre public n’est pas demandeur. 

Sylvain : Uniquement sur Érébia, la petite scène qui affiche souvent de très belles découvertes.

Dans quelle mesure la prog a-t-elle changé depuis 2001 ?

Nico : Nous sommes passés d’une dizaine de groupes à plus de 30 pour commencer. Ensuite, il y a évidemment l’arrivée en force des musiques urbaines. Le rap était complètement absent quand nous avons commencé et est devenu omniprésent. Moins de guitare, plus de MC/DJs en résumé. La seule constante est la chanson française qui reste une valeur sûre pour notre public.

Robin : La prog a suivi l’air du temps et l’évolution des goûts. Pour que le festival perdure, il faut s’adapter aux nouvelles tendances. Il y a aussi un public qui vient à P2N pour chercher de nouvelles choses, des expériences différentes. 

Pom : Il y a des styles qui se renouvellent peu (reggae, métal). Il y a une belle diversité tout de même et le style pop/rock reste l’esthétique majoritaire.

Concert de NTM en 2018 © David Gallard 

Combien représente le budget programmation du festival ?

Patrice : ⅓ du budget global du festival, soit entre 1 et 1,5 million d’€. Le budget artistique a presque triplé en 10 ans et reste de loin le premier poste de dépenses de l’association. Au-delà des cachets artistiques, les budgets technique et lié à l’accueil des productions ont également beaucoup augmenté ces dernières années, avec des demandes en son, lumière, écrans géants de plus en plus importantes, parfois même pour des effets spéciaux ou de la pyrotechnie !
Aujourd’hui, les artistes ne se contentent plus de donner des concerts, ils font de véritables shows qui mobilisent des moyens énormes et coûtent donc très cher.

Votre meilleur concert Ă  P2N ?

Nico : Pour le côté “on a réussi à faire ça”, Iggy pop et pour la bonne claque, les Hives en 2008.

Robin :  Le plateau de 2011 avec Beady Eye, Kaisers Chiefs, Klaxons et The Jon Spencer Blues Explosion ! 

Pom : Les Hives en 2008 et pour le show, Stromae en 2014. 

Sylvain : Pas un concert en particulier mais une année, comme Robin 2011 avec Klaxons, Kaisers Chiefs et Beady Eye pour finir par un très bon Eddy Mitchell !

Patrice : Je n’ai pas forcément l’occasion d’en voir beaucoup…. !

Concert de Stromae en 2014 © Nicolas Mérienne

 

* Patrice a 53 ans et est agriculteur. Membre fondateur de l’association, il en assure la prĂ©sidence depuis 2001. Seul programmateur lors des premières Ă©ditions, Patrice est ensuite rejoint par Nicolas et l’ensemble de la commission. 

* Robin a 35 ans et travaille pour une société de production de concerts à Nantes. Il fait partie de la commission programmation depuis 2009. 

* Nicolas a 39 ans et est chef d’entreprise dans l’Ă©vĂ©nementiel. Ă€ l’Ă©poque premier salariĂ© de l’association, il s’occupe de la programmation depuis son arrivĂ©e en 2004. 

* Sylvain a 36 ans et est agriculteur. Il a rejoint l’association en 2008 en devenant membre de la commission programmation ainsi que de la commission sĂ©curitĂ©. 

* POM a 39 ans et est salariĂ© de l’association R.O.C. en Baie depuis 2008. 

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